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"Allen v. Farrow": les réalisateurs du documentaire racontent leur travail - Le HuffPost

Vous avez eu aussi accès à des vidéos personnelles. Comme vous l’avez dit, cela va changer le regard de nombreuses personnes sur ce qu’elles pensaient savoir.

Amy Ziering: Nous avons eu beaucoup de chance que Mia Farrow soit une vidéaste hors pair, avec un très bel œil, avant l’avènement des téléphones portables. Elle avait un gros caméscope, l’un des premiers sur le marché, avec lequel elle filmait sa famille. Ce qui est intéressant avec les images dont on dispose, c’est qu’on peut se faire sa propre opinion en les regardant, indépendamment de ce que les gens en disent. On y voit une famille aimante, des adultes dans leurs rôles de parents, à tous égards, en dépit de ce qui s’est dit, on y voit Mia Farrow et Woody Allen très présents dans la vie de tous les enfants, dans laquelle il est entré quand ils étaient tout petits et pour qui il a toujours été une figure paternelle. On le voit de nos propres yeux, grâce aux images de Mia Farrow. Elle a accepté de nous les montrer, puis nous a donné la permission d’en utiliser une partie dans la série.

On voit les images d’une famille heureuse mais aussi le comportement étrange de Woody Allen vis-à-vis de Dylan. Elle, et toute la famille, disent qu’il était obnubilé, qu’il avait toujours besoin d’être près d’elle. Lorsque vous avez découvert les films et écouté les interviews, avez-vous été surpris?

Amy Ziering: Complètement. Tout nous a surpris. C’était choquant.

Kirby Dick: On n’en revenait pas. Les médias avaient parlé de comportement sexuel inapproprié, qui ne s’était produit qu’une seule fois. En fait, plusieurs personnes ont été témoins de ce comportement inapproprié, qui a duré de nombreuses années. Il est entré en thérapie en partie à cause de cela, bien avant l’agression dans le grenier. L’une des choses qui, à mon avis, est très frappante dans le premier épisode, c’est le cheminement psychologique de Mia Farrow. On découvre avec elle, au fur et à mesure, ce qui se passe entre Woody Allen et Dylan. On voit une relation très tendre entre un père et sa fille se transformer en quelque chose qu’elle ne peut pas accepter. Le premier épisode est un drame psychologique saisissant, qui donne le frisson.

Contrairement à d’autres critiques, je ne dirai pas que la série est partiale. Elle donne la version Farrow de l’histoire et modifiera sans doute l’image que les gens peuvent avoir de Woody Allen.

Mia Ziering: Je ne pense pas que l’on puisse parler de “version Farrow” de l’histoire. Nous racontons l’histoire tout court. Ce qui est très dangereux dans notre société, c’est la croyance selon laquelle il existe systématiquement plusieurs versions d’une même histoire. Je fais souvent un parallèle avec le dérèglement climatique. L’ensemble des scientifiques disent qu’il est en train de se produire; il y a pourtant des gens qui ont tout intérêt à dire qu’il n’existe pas, parce qu’ils profitent de ce mensonge. Ce qui conduit les médias à inviter chaque fois quelqu’un qui explique que le dérèglement climatique est une réalité, et quelqu’un qui le nie. Lorsqu’un crime est commis, ce n’est pas une question d’opinion mais une question de faits. La série révèle que nous n’avons pas entendu une version de l’histoire mais une réécriture, une manipulation de cette histoire par celui qui est accusé d’un crime.

Nous n’avions aucune arrière-pensée, aucun parti pris. Nous avons simplement mené l’enquête et nous aurions été contents de découvrir autre chose. Ce que nous avons trouvé n’avait jamais été raconté. Notre documentaire relate l’histoire dans son ensemble, racontée du point de vue de Woody Allen dans son livre et les conférences de presse qu’il a données, et dont l’autre versant a été révélé grâce à notre travail d’enquête et aux témoins oculaires: baby-sitters, nounous, amis, parents proches, Mia, Dylan et ses frères et sœurs. C’est ainsi que je vois les choses.

Dans la réalisation de documentaires d’investigation, il y a une part de plaisir à découvrir la vérité. Avez-vous eu une “révélation” au montage lorsque les pièces du puzzle ont commencé à s’assembler?

Kirby Dick: Rien ne coule jamais de source. Il faut toujours creuser davantage. Mais nous avons fait des découvertes étonnantes à plusieurs reprises, notamment après avoir pris connaissance du travail d’Amy Herdy. Je pense que ce qui nous a le plus marqué c’est de voir comment on avait essayé d’étouffer l’enquête, en particulier celle de New York qui, encore aujourd’hui, poussent les gens à dire qu’elle a exonéré Woody Allen. Elle l’a fait parce que l’enquêteur, qui croyait Dylan et disposait de nombreuses preuves contre le cinéaste, a été empêché à plusieurs reprises par les autorités new-yorkaises (jusqu’au bureau du maire) de faire son travail. C’est quelque chose que le public ignore. Quand les gens vont regarder la série, ils vont tomber des nues, se rendre compte qu’ils ne connaissaient qu’une partie de l’histoire.

Amy Ziering: Tout le monde va être très surpris. Il y a les enregistrements d’appels téléphoniques privés entre Woody Allen et Mia Farrow. On entend leurs voix, leurs conversations à l’époque. C’est extrêmement révélateur. Nous avons aussi parlé à énormément de personnes sur la nature de la relation entre Woody Allen et Soon-Yi, sur la réaction de ses frères et de ses sœurs. C’est édifiant.

“Allen v. Farrow” est diffusé le dimanche à 21h00 sur HBO et sera disponible en mars sur OCS. Cet entretien a été condensé.

Cet article, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Karine Degliame-O’Keeffe pour Fast ForWord.

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