À l'occasion de la diffusion La Princesse de Montpensier, en hommage à Bertrand Tavernier, retour sur la genèse compliquée du film. Ce dernier a pu voir le jour grâce à l'intervention d'un ministre. Explications.
Un an après avoir conquis les USA avec Dans la brume électrique, le regretté Bertrand Tavernier revenait en France en 2010 avec La Princesse de Montpensier. Adapté de la nouvelle de Madame de La Fayette, ce film en costumes se situe en 1562, sous le règne de Charles IX alors que les guerres de religion font rage.
Depuis son plus jeune âge, Marie de Mézières aime Henri, Duc de Guise. Elle est contrainte par son père d’épouser le Prince de Montpensier.
Son mari, appelé par Charles IX à rejoindre les princes dans leur guerre contre les protestants, la laisse en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes, loin du monde, au château de Champigny.
Elle tente en vain d’y oublier sa passion pour Guise, mais devient malgré elle l’enjeu de passions rivales et violentes auxquelles vient aussi se mêler le Duc d’Anjou, futur Henri III.
Un contexte économique compliqué
La Princesse de Montpensier marque la cinquième et dernière collaboration scénaristique entre Tavernier et Jean Cosmos. Ensemble, les deux artistes avaient signé La Vie et rien d'autre, La Fille de d'Artagnan, Capitaine Conan et Laissez-passer.
Alors que Tavernier est souvent à l'origine de ses films, La Princesse de Montpensier est né sous l'impulsion du producteur Éric Heumann. Cette fresque très ambitieuse dotée d'un budget de 13 millions d'euros a failli ne jamais voir le jour, faute de financement.
En 2010, pendant le Festival de Cannes où l'oeuvre est présentée en compétition officielle, le réalisateur est revenu dans le JDD sur les difficultés rencontrées :
« On en a bavé, c’est vrai. On nous a dit : "Allez tourner en Tchécoslovaquie." Mais, moi, je ne voulais pas. Je voulais faire un film qui soit un hymne à la France dans ce qui est sa culture, ses édifices. Cela fait partie de ma vie, de notre vie.
Je ne voulais pas tricher. La préparation a été arrêtée trois ou quatre fois. On s’est fait "recevoir" comme on dit. En même temps, ça remet votre ego et votre vanité à leur place ».
Même son de cloche du côté d'Eric Heumann, qui affirmait dans le Parisien que la préparation avait dû s'interrompre à de nombreuses reprises, décalant sans cesse le tournage. Il précisait également qu'il était compliqué de monter un film historique quand ce sont les comédies populaires qui dominent le box-office hexagonal.
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L'intervention d'un ministre
C'est finalement grâce à l'intervention de Frédéric Mitterand, alors ministre de la Culture du gouvernement emmené par François Fillon, que La Princesse de Montpensier voit le jour.
Dans une interview accordée au Film Français en 2010, le politicien reconnaît avoir sauvé le financement du film en août 2009 car il était « impossible de ne pas sauver Bertrand Tavernier d'un accident industriel », au nom de ce qu'il représente dans le cinéma français, quoi que l'on pense de ses longs-métrages.
L'ancien ministre reviendra sur cette affaire dans son ouvrage La Récréation, où il écrit à la date du 17 août : « Victoire, la princesse de Montpensier est sauvée. Le tournage peut commencer... ».
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