DRAMA, DRAMA, DRAMA – Aussi attendu que redouté, l’entretien que les Sussex accordent ce dimanche 7 mars à la télévision américaine apparaît comme l’ultime épisode d’une guerre d’images dont personne au sein du clan Windsor ne sort vraiment grandi.
- Delphine DE FREITAS
Un rebondissement chasse l’autre. À la manière d’un feuilleton dont les intrigues sont plus improbables les unes que les autres. La famille royale britannique semble avoir quitté les hautes sphères de la monarchie pour la bassesse d’un très mauvais soap opera dont chaque personnage tente de tirer la couverture sur soi. Pensez Amour, Gloire et beauté plus que The Crown, qui tient là la trame d'une hypothétique saison 7 dont on sait déjà qu'elle ne verra jamais le jour.
La diffusion ce dimanche 7 mars d’une interview-confession de Meghan et du prince Harry vient clore une séquence qui pourrait définitivement faire exploser le clan Windsor. Les Sussex viennent en prime time à la télévision américaine pour livrer leur vérité et détailler, pour la première fois, les raisons qui les ont poussés à fuir le Royaume-Uni pour les États-Unis.
Les Sussex ont élu domicile dans le décor d'un soap culte
Les codes du soap sont partout dans cette affaire familiale. Jusque dans le code postal de Meghan et Harry. Car c’est à Montecito, en Californie, que le couple et leur fils Archie ont posé leurs valises depuis près d’un an et leur démission fracassante – mais pas surprenante - de toutes obligations royales. Un petit coin de paradis situé dans le comté de Santa Barbara, qui servait déjà de décor au feuilleton culte du même nom dans les années 80. En s’installant de l’autre côté de l’Atlantique, Meghan et Harry ont voulu reprendre en main le scénario de leurs vies. Envoyer balader les tabloïds dans un premier temps, la pression de la royauté dans un second.
En l’espace de quelques mois, les Sussex ont monté sur leur nom un juteux business qui leur a ouvert les portes de Spotify et de Netflix. Le couple a multiplié les apparitions en ligne pour s’engager, en faveur du mouvement Black Lives Matter ou contre Donald Trump avant la présidentielle. Et puis il y a eu cette biographie, Libres, à laquelle ils n’ont pas collaboré mais sur laquelle ils n’ont pas craché non plus. Des prises de parole à l’opposé de l’habituel droit de réserve auquel se soumettent les membres de la famille royale britannique. Alors ce n’était qu’une question de temps avant que Meghan et Harry ne se décident à raconter leur histoire face caméra. Comme une évidence, c’est vers Oprah Winfrey que les jeunes parents se sont tournés.
C'est le meilleur entretien qu'elle ait jamais fait
Papesse de la télévision américaine et oreille attentive préférée des stars, elle était l’un des 1600 invités à leurs noces royales à Windsor. D’après l’autre grande journaliste américaine Gayle King, l’interview des Sussex "est la meilleure que son amie ait jamais faite". Dès son annonce mi-février, l’entretien a été présenté comme "une conversation intime" entre le trio. La presse anglo-saxonne y a vu tous les ingrédients d’une "tell-all interview", une interview "où l’on déballe tout". De quoi rappeler l’exercice auquel s’était livré Diana en 1995. Lady Di y avait notamment évoqué ses troubles alimentaires et révélé qu’ils étaient "trois" dans son mariage avec le prince Charles, taclant Camilla Parker-Bowles.
Le souvenir de la défunte princesse de Galles est d’ailleurs convoqué dans le tout premier extrait dévoilé par la chaîne CBS. Dans une bande-annonce digne d’un blockbuster hollywoodien, Harry martèle que sa plus grande peur était "de voir l’histoire se répéter". Une semaine plus tôt, tout semblait pourtant aller très bien pour le prince qui s’était offert une escapade délirante dans les rues de Los Angeles pour le Late Late Show de James Corden. L’occasion de préparer le terrain et d’expliquer qu’il a tout fait pour protéger sa famille et sa propre santé mentale en claquant la porte du palais. La même séquence nous apprenait aussi que la reine Elizabeth II avait offert un appareil à gaufres à Archie pour Noël et que le prince Philip refermait sèchement l’ordinateur pour quitter une discussion sur Zoom. Des échanges cordiaux qui, comme dans tout soap, cachent des déchirures plus profondes.
Déjà tendues, les relations royales ont explosé publiquement en l’espace de trois jours. Meghan et Harry ont accusé le très sérieux quotidien The Times "d’être utilisé par Buckingham Palace pour colporter un récit totalement faux" après la publication d’un article révélant que la duchesse avait été visée par une plainte pour harcèlement envers d’anciens assistants du temps où elle vivait à Kensington Palace. Dans un très rare communiqué, le palais s’est dit "préoccupé" et a annoncé l’ouverture d’une enquête interne. CBS en a profité pour relancer une machine déjà lancée à toute vitesse. Et a diffusé quelques heures plus tard un nouvel extrait de l’interview avec Oprah Winfrey qui semble répondre à la polémique alors qu'elle a été enregistrée bien en amont. Comme dans un soap, tout est une question de timing.
"La Firme", un qualificatif pour prendre ses distances avec les Windsor
Meghan, enceinte de son deuxième enfant, s’en prend à la famille royale qu’elle appelle de son surnom le moins chic comme pour prendre davantage ses distances. "Je ne sais pas comment ils pourraient s'attendre qu'après tout ce temps nous puissions tout simplement garder le silence, si la Firme joue un rôle actif dans le fait de colporter des mensonges sur nous (...). Et puis si ça signifie risquer de perdre des choses... Tant de choses ont déjà été perdues", déclare-t-elle. Un clin d’œil aux derniers titres officiels qui leur ont été retirés mi-février ou bien à la présumée guerre fratricide entre William et Harry qui agite les tabloïds depuis des mois ?
"Des assistants déchaînés, des sources et des amis sont un rappel que les conséquences du Megxit sont aussi toxiques que ce qui s’est passé avant", résume très bien l’ancien correspondant royal Peter Hunt. Certains médias appellent à une trêve et demandent un report de la diffusion de l’interview chez Oprah, au moins le temps que le prince Philip sorte de l’hôpital où il se remet d’une opération cardiaque. Et puis comme dans chaque soap, il y a ces personnages qu’on met de côté sans oublier qu’ils sont peut-être les pires de l’histoire.
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S’il y en a un qui profite de la lumière soudaine braquée sur Meghan et Harry, c’est bien le prince Andrew. Persona non grata depuis que son nom a été mêlé au scandale Epstein, le fils cadet de la reine continue pourtant à vivre loin des flashs des paparazzis qui lui fichent une paix royale. La presse tabloïd que les Sussex haïssent tant est devenue cette semaine le simple relai des communications officielles de deux camps. Le timing, encore. Comme un ultime coup de griffe, Elizabeth II s'adressera à la nation britannique à la télévision quelques heures avant la diffusion de l'interview de ses petits-enfants chez Oprah. Mais ne devrait évoquer que la journée du Commonwealth. À moins qu'elle ne vienne cacher des messages dans son allocution... De Meghan et Harry ou de la famille royale, qui dit vrai ? La question ne sera sans doute jamais tranchée, laissant craindre que ce soap princier se poursuivre encore et encore. Après tout, les Feux de l’amour sont bien à l’antenne depuis près de 50 ans.
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