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Dîners clandestins : Christophe Leroy, le «chef des stars» à l'étoile ternie - Le Parisien

Christophe Leroy… déchu. Ce cuisinier qui a eu son heure de gloire dans les années 90 se trouve depuis ce week-end au centre d’un improbable imbroglio gastronomico-judiciaire, mêlant cuisine bourgeoise et gotha politico-médiatique. C’est en effet lui qui cuisinerait au palais Vivienne, théâtre dans un reportage de M 6 de dîners clandestins aussi luxueux qu’interdits. Mais qui est vraiment ce cuisinier, volontiers partageur de clichés de stars sur son compte Instagram ?

« Christophe est un roi en cuisine qui trône avec subtilité et délicatesse au-dessus du piano, passant d’une recette de l’un de ses classiques à une nouveauté adaptée à notre époque si particulière ». Voilà comment ce chef aujourd’hui âgé de 57 ans est décrit dans une chronique culinaire de Paris Match datant d’avril 2020, il y a pile un an. Un portrait dithyrambique qui n’est pas isolé depuis que le chef a fait son retour dans la capitale après quelques années pendant lesquelles il n’avait plus fait parler de lui. D’autres habitués de la gastronomie à la française, comme Albert Nahmias, font de lui « un chef talentueux qui est la courtoisie même ».

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Christophe Leroy est véritablement né à la cuisine dans la ville préférée de Brigitte Bardot. Originaire de Coutances (Manche), il fait ses armes avec un chef normand répondant au nom de Claude François. Y trouve-t-il là son goût pour la lumière ? Toujours est-il que c’est à 24 ans seulement, aux commandes des cuisines de l’hôtel Château de la Messardière à Saint-Tropez, qu’il se fait un nom. Chef d’orchestre de la partie culinaire du mariage de Johnny Hallyday, il entame un parcours de « star » des fourneaux. Il ouvre en 1992, toujours dans le petit port azuréen, La Table du marché. En 1998, il achète une ancienne bastide située au milieu des vignes de Ramatuelle. Il la rénove et crée Les Moulins de Ramatuelle. Deux adresses qui vont devenir le passage obligé des stars de Saint-Trop.

Cuisinier des stars plus que star de la cuisine

Celui qui se prévaut d’avoir aussi appris aux côtés d’Alain Ducasse ou du regretté Alain Senderens, des trois étoiles au Michelin, organise des soirées au décor éphémère, dont des « soirées Blanches » si chères à Eddie Barclay. Ses étoiles à lui ne viennent pas du petit guide rouge mais bien de la jet-set. Johnny Hallyday et Laeticia, Bernard Tapie, Michel Drucker, PPDA, Emmanuelle Béart, etc., chaque soirée blanche est l’occasion pour lui de garnir son panier à souvenirs de vedettes et faire grandir sa notoriété.

Mais contrairement au portrait que font certains de lui encore aujourd’hui, déjà à l’époque, sa cuisine n’était pas la raison principale de la popularité de ses établissements. « La Table du marché, j’y ai été en 98, c’était un scandale au niveau de la cuisine, c’était naze », jure un fin connaisseur du milieu, qui se souvient notamment d’ « asperges servies à Noël ». « Leroy avait des people dans son restaurant tous les jours. Tous ces gens, quand ils faisaient une fête, appelaient Christophe. Il s’est toujours intéressé à cet univers. Ça le faisait briller, et surtout, derrière, il y a de l’argent », analyse encore notre amateur de grande cuisine.

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Les soucis liés à l’argent ont également jalonné la carrière de Christophe Leroy. Alors qu’en 2017, il essaie de relancer la Table du marché avec Pamela Anderson, nouvelle figure tropézienne, ses deux restaurants, parmi lesquels Les Moulins de Ramatuelle, sont placés en liquidation judiciaire. Déjà dans Le Parisien, nous évoquions alors un passif de dettes s’élevant à près de 1,2 M€. Selon l’administrateur judiciaire de l’époque, pas moins de huit de ses sociétés avaient été placées en redressement ou liquidation judiciaire en vingt ans.

« À Avoriaz, il avait des impayés partout »

« Dès le début de mon contrat, j’ai eu des difficultés à me faire payer. Mon premier salaire est arrivé avec 15 jours de retard », nous raconte Tony, un jeune chef de 29 ans, qui a croisé la route de ce globe-trotter de la restauration, en début de carrière à l’Hôtel des Dromonts à Avoriaz, où Christophe Leroy avait décliné sa Table du marché. « Je ne me suis pas méfié mais à la fin de la saison, on ne m’a pas payé mes deux derniers salaires ! » insiste celui qui a la dent dure contre celui qui n’avait « rien d’un grand chef », avec sa « cuisine de brasserie avec une belle nappe ». « À Avoriaz, il avait des impayés partout, notamment chez Métro (NDLR, grossiste). On devait aller faire des courses à Carrefour pour les clients de l’hôtel ! » assure celui qui n’était alors qu’un simple commis.

Il faudra plus de quatre ans, une procédure aux prud’hommes, et plusieurs convocations au tribunal pour que Tony reçoive ses salaires. Pendant ce temps-là, Christophe Leroy est parti sous d’autres cieux, au Maroc. Là-bas aussi, le cuisinier des stars a laissé des souvenirs… et des dettes. Comme le relate un article du magazine marocain Tel quel, le chef a laissé pour près de 1 million d’euros d’ardoise au royaume chérifien après avoir quitté un établissement chic de Marrakech dont il avait la gérance, Les Jardins d’Inès. En avril 2017, il était même poursuivi au Maroc pour « complicité d’abus de confiance » et soupçonné d’avoir « tapé dans la caisse ». « Je le trouvais très sympathique voire même charmant.  Il est séducteur, il vend bien ses projets, surtout la presse qui l’accompagne » nous confie une Française qui a a travaillé avec lui. « Mais ensuite il disparaît. Il est parti sans payer personne, je me suis fait payer parce que j’avais demandé des chèques personnels. Mais tout ceux qui ont travaillé à la confiance ont été planté. Il a été exfiltré du pays alors qu’il aurait dû être condamné » ajoute encore notre source au Maroc.

Alors, comment Leroy a-t-il pu revenir sur le devant de la scène ? Toujours la même recette. « Il a des casseroles auprès des employés ou de créanciers mais pas au niveau du grand public et de certains critiques installés depuis longtemps. Son carnet d’adresses lui sert encore de sésame. Il y a certaines personnes qui rebondissent toujours », analyse Stéphane Riss, consultant pour des tables étoilées. Il y a peu sur son compte Instagram, Christophe Leroy donnait déjà rendez-vous pour le Festival de Cannes ou postait des photos de repas servis dans le cadre de son Leroy’s Business Club, un lieu privatisable pour dîner officiellement à 2, 4 ou 6 convives.

Cette fois, l’ami de Pierre-Jean Chalençon pourrait ne pas sortir indemne de cette polémique. Rémy Heitz, a ouvert une enquête pénale et a saisi la Brigade de répression de la délinquance à la personne dans le cadre « d’une enquête des chefs de mise en danger d’autrui et de travail dissimulé ». Contactés, Christophe Leroy et son avocat Thierry Fradet n’ont pas « souhaité faire de commentaire en l’état ». Dans une vidéo publiée en février, Pierre-Jean Chalençon racontait en tout cas organiser dans sa résidence des « déjeuners ou dîners » avec le restaurateur Christophe Leroy. Plusieurs proches du chef, qui ont travaillé avec lui, ont refusé de répondre à nos questions.

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