Crédits photo : JULIEN DE ROSA / AFP
Depuis le début de la semaine dernière, Macron enchaîne les interventions politiques. Face à l’imminence des élections législatives, la pression exercée par la NUPES et l’enchaînement des scandales – à l’instar des accusations d’agressions sexuelles envers Damien Abad et le chaos du Stade de France – Macron a décidé de rentrer pleinement en campagne. Après la visite au centre hospitalier de Cherbourg mardi dernier et le déplacement à Marseille vendredi, il s’exprimait ainsi vendredi dans la presse quotidienne régionale lors d’une longue interview.
Comme depuis sa réélection, Macron y est longuement revenu sur sa pseudo « nouvelle méthode ». Conscient de sa faible légitimité, il n’a en effet pas cessé depuis un mois d’agiter la promesse de concertations pour le nouveau quinquennat. Une perspective floue qu’il a cherché à concrétiser en annonçant à la presse le lancement d’un « Conseil National de la Refondation ». Sensé refléter une « mise au service du terrain », il réunira « les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort » pour « identifier les besoins et bâtir de nouveaux projets » notamment dans la santé et l’éducation.
Un dispositif qui évoque le Conseil économique social et environnemental (CESE), mais aussi la Convention Citoyenne pour le Climat. Après des mois de concertations, les mesures proposées par cette dernière avaient finalement été réduites à peau de chagrin par le gouvernement lui-même. Dans cette continuité, le Conseil national de Refondation, sera évidemment entièrement subordonné aux projets de la macronie, qui espère coopter par ce biais une partie des corps intermédiaires qui lui avaient fait défaut lors du premier quinquennat.
Évidemment, les projets discutés dans ce Conseil National de la Refondation sont déjà tranchés sur le fond. S’il explique que ce cadre sera « l’instance dans laquelle nous ferons vivre nos réformes », Macron précise par exemple deux lignes plus tard que « la réforme des retraites entrera en vigueur dès 2023 ». Il en va de même pour les « réformes » sur le terrain de la santé, de l’éducation et de l’écologie, présentées comme les priorités du gouvernement. Les promesses de concertation visent surtout à tenter de couper l’herbe sous le pied de la gauche avant les législatives, tout en masquant mal la volonté de poursuivre et intensifier les réformes néo-libérales dans les services publics et de défendre un capitalisme vert au service des intérêts du patronat quoi qu’il arrive.
Si Macron parie sur l’intégration des corps intermédiaires, celui-ci risque d’être rapidement rattrapé par la situation. En ce sens, une grève aura lieu ce mardi dans la santé face au manque de moyens. Dans le même temps, l’inflation attise les tensions autour des salaires. Sur ce plan, le gouvernement tente déjà de donner des gages avec son projet de loi sur le pouvoir d’achat, qui apparaît largement insuffisant, en plus d’être un casse-tête pour le gouvernement. Ce dimanche, Bruno Le Maire assumait à ce propos le fait que le chèque alimentaire, mesure phare du projet de loi, était « compliqué à mettre en œuvre ».
Une chose est sûre, comme pour les promesses de « dialogue social » d’Olivier Dussopt, l’objectif d’Emmanuel Macron avec ses « concertations » 2.0 est d’étouffer la colère en intégrant les corps intermédiaires. Une logique qui est le produit de l’expérience du premier quinquennat, marqué par des explosions sociales dont le retour terrorise l’équipe resserrée autour du Président.
Mais tous les « machins » du monde risquent difficilement de suffire pour calmer la colère actuelle, promise à se renforcer avec la crise générale qui couve. D’autant que les corps intermédiaires visés n’ont plus grand chose à voir avec la puissance de ceux qui composaient le Conseil National de la Résistance auquel Macron se réfère et qui, en 1945, avait permis de contenir une profonde poussée des masses ouvrières et populaires en France.
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