Thibault Lacroix, 45 ans, acteur chez Jean-Louis Benoît, Vincent Macaigne, Jacques Weber ou Clément Poirée, avait pris sa petite valise et rentrait à Vierzon (Cher) – où, lassé de vivre à Paris dans 18 m2, il a depuis quelques années planté son camp de base –, lorsque, rejoignant jeudi 4 mars, à Paris, la manifestation pour la culture, il s’est retrouvé à occuper l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Cela fait une semaine.
Ils sont une cinquantaine d’intermittents du spectacle à avoir envahi, à l’initiative de la CGT, une partie du théâtre – laissant, dans l’autre, les équipes travailler, et dans la grande salle, Christophe Honoré et ses acteurs répéter Le Ciel de Nantes. Objectif : mettre la pression sur le gouvernement quant au sort de la cullture sinistrée par le confinement. Et ça marche.
Alors qu’ils avaient, il y a trois semaines, fait la même chose à la Philharmonie, les militants de la CGT avaient plié bagage devant l’absence d’écho. Mais l’Odéon, c’est autre chose, c’est un symbole. Marc, 72 ans, peut en témoigner : en un demi-siècle, il a été de toutes les occupations du lieu. Depuis qu’en 1968, il venait boire un verre au théâtre transformé en agora. Quasi un habitué. Ce mercredi 10 mars, il est rentré se coucher. La plupart des militants, les plus aguerris, se relaient pour tenir le piquet. Deux nuits, trois jours, puis vient la relève.
Drôle d’« occupation » qu’occuper un théâtre fermé ?, ose-t-on s’interroger. Se confiner pour ne plus être confinés ? N’est-ce pas dénoncer par l’absurde des décisions jugées absurdes ? Regards désolés des militants devant tant d’innocence : ne voit-on pas que le mouvement s’étend ? Déjà des étudiants occupent le Théâtre de la Colline, à Paris, et le TNS, à Strasbourg.
« L’art est bâillonné »
A Pau et à Châteauroux, c’est la Coordination des intermittents qui a emboîté le pas. Et, vous assure-t-on, la Comédie-Française, Nantes ou Rennes vont suivre le même chemin. Même si, pour l’instant, ce n’est pas du tout le cas. Et que, alors que les directions de théâtre se révèlent bienveillantes – coincées entre leurs responsabilités d’une part, et leur solidarité de l’autre –, on ne peut pas dire que les foules escomptées se soient déplacées en masse.
Ils sont peut-être trois cents ce mercredi après-midi sur la place de l’Odéon à écouter les tribuns se succéder. L’humoriste Christophe Alévêque propose de venir jouer son spectacle dans la rue. Un sénateur Europe Ecologie-Les Verts vilipende les atermoiements du gouvernement. Un délégué de la CGT cite Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT (« pour une fois qu’on est d’accord »), sous les lazzis.
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